Halle du Toueur et Institut du canal de Bourgogne à Pouilly-en-Auxois
Architecture du XXe en Côte d’Or
Ces deux réalisations du célèbre architecte japonais sont indissociables d’un protocole visant à permettre et faciliter la commande d’une œuvre d’art par un ou plusieurs citoyens. Le principe est assez simple : ces «Nouveaux Commanditaires» expriment une demande auprès d’un médiateur culturel indépendant, qui les oriente vers un artiste susceptible de répondre à leurs désirs et besoins. L’œuvre financée par des fonds publics et privés (mécénat) est le résultat de ce processus de concertation qui incite le créateur à prendre en compte la spécificité des enjeux de la commande, sans perdre dans cet échange sa liberté d’action.
A Pouilly-en-Auxois, cette recherche s’est matérialisée dans deux œuvres architecturales qui établissent un rapport direct avec l’histoire de la ville, le canal de Bourgogne et son tunnel.
Depuis 1986, Shigeru Ban expérimente les possibilités techniques et esthétiques offertes par le carton, dans des contextes et sur des échelles très variables: le pavillon japonais de l’Expo 2000 à Hanovre, un bâtiment d’exposition provisoire à New York (2005), ou des habitats d’urgence après les séismes de Kobé (1995) et d’Izmit (1999). Ce projet est donc l’une des rares réalisations en France de Shigeru Ban, auteur sur notre territoire d’une antenne temporaire de son agence sur les toits de Beaubourg à Paris, ainsi que de l’annexe du Centre Pompidou à Metz (en collaboration avec Jean de Gastines). La halle, achevée en 2004, a constitué pour l’architecte japonais un terrain d’expérience supplémentaire dans l’utilisation de son matériau de prédilection. Elle se compose d’une grande nef ouverte à chaque extrémité, dont les proportions sont calquées sur les dimensions du tunnel. La vaste voûte en polycarbonate est décollée du sol ; elle est constituée d’un maillage de tubes de carton assemblés par des nœuds d’aluminium. Cette ossature originale détermine l’apparence d’un édifice inspiré de l’architecture provisoire mais destiné à durer. La membrane transparente recouvre la légère structure géométrique, et dialogue avec les reflet des eaux du bassin. Le caractère écologique du carton et l’économie de moyens qui ont pu guider d’autres expérimentations de l’architecte doivent être ici relativisés. Les maîtres d’œuvre désireux de parvenir à une solution technique et esthétique satisfaisante ont du en effet composer avec les réglementations en vigueur, ce qui a engendré un surcoût lié notamment à la réalisation des nœuds d’assemblages et de renforts en aluminium.
L’institut du canal (2005) est un espace d’exposition constitué d’une boîte de verre soutenue par une structure en acier. Celle-ci se distingue par l’emploi de cornières standard galvanisées, habituellement utilisées pour le montage d’étagères de stockage. Il s’agit donc d’un autre détournement, qui prélève des éléments disponibles sur le marché afin de les intégrer à sa propre logique constructive. Situé sur un angle du bassin, le bâtiment renonce à faire concurrence à son audacieux voisin. Ses lignes sobres sont là encore animées par un jeu de reflets dans ses vitrages où se mêlent l’eau, le ciel, les maisons voisines et la structure tubulaire de la halle. Les abords des deux constructions et du bassin ont fait l’objet d’un aménagement qui requalifie un site plutôt ingrat, avec la création d’une promenade ponctuée d’un mobilier aux consonances extême-orientales. Cet ensemble est l’une des réalisations les plus spectaculaires des nouveaux commanditaires en Bourgogne, dont on peut également voir d’autres manifestations à Arnay-le-Duc (marché couvert, voir p. 92), Flée (Maison des Pêcheurs, voir p. 98) ou en encore à Leuglay (passerelle en bois de Marc Mimram, 1999).
Extrait du Guide d’architecture en Bourgogne 1893-2007- Éditions Picard – 2008
Répondant à une demande de la Communauté de Communes de l’Auxois Sud, le Centre d’Interprétation du Canal de Bourgogne est donc composé de la halle aménagée pour abriter le bateau remorqueur qui assurait le passage des péniches sous le passage voûté, et de l’Institut du Canal qui complète par sa muséographie la mise en valeur de ce patrimoine industriel.
Halle du Toueur et Institut du canal de Bourgogne à Pouilly-en-Auxois
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