148 logements ZAC Centre-ville 2
OBS-32
Cet ensemble remarquable de logements sociaux est venu clore en 1998, la Zac centre-ville, vaste opération de rénovation urbaine lancée au début des années 1980 par la ville de Drancy et l’OPHLM communal, pour répondre à une forte demande en logements, notamment sociaux. Village agricole jusqu’au début du XXe siècle, Drancy, à l’instar des communes suburbaines de Paris, s’est rapidement métamorphosée en ville ouvrière. Son urbanisation s’est amorcée avec l’ouverture des gares de chemins de fer, celle de la Compagnie du Nord en 1858 puis de Grande ceinture en 1882.
Face aux lotissements souvent défectueux, la ville a accueilli dés la fin du XIXe une cité patronale édifiée par la Compagnie des chemins de fer du Nord, première opération d’une longue tradition de logements sociaux de qualité. En effet Drancy possède un patrimoine remarquable dans ce domaine, et notamment les vestiges d’une des premières cités-jardins du département, construite par les architectes Bassompierre et de Rutté pour l’OPHBM de la Seine en 1921 et 1929. Le territoire de la Zac, face au parc de l’ancien château de Drancy, englobe une des parties détruites de la cité-jardin, composée de petits pavillons de briques dans une composition de style pittoresque. L’aménageur, la Sodedat 93, une Société d’économie mixte créée par le Conseil général, s’est manifestement inspiré des qualités urbaines de la cité-jardin en opérant avec finesse la continuité avec le tissu urbain et en portant une attention particulière aux cheminements intérieurs, allées, placettes, ainsi qu’aux espaces verts : vastes jardins intérieurs et squares. A contrario, il a opté pour une forte densité et privilégié des bâtiments hauts et massifs. La maîtrise d’oeuvre a été confiée à des architectes de renom, AUA, Atelier d’urbanisme et d’architecture, Georges Maurios, Edith et Olivier Girard, Jacques Kalisz, etc. et enfin Lipa et Serge Goldstein.
L’îlot confié aux deux frères est particulièrement bien situé, le long de la rue Sadi-Carnot, face aux grands arbres du parc Jacques-Duclos et à deux pas de la mairie. L’opération s’appuie sur celle réalisée par Jacques Kalisz, et ensemble elles enserrent la place Marcel-Paul, équipée de deux petits squares publics. Il est à noter que cette place reprend l’ovale de l’ancien clos Jean Soubiran de la cité-Jardin. Au sein de l’opération, le passage de l’espace public au semi public puis au privé s’exerce par le jeu habile des cheminements, porche monumental vers le coeur d’îlot puis allées étroites menant à des courettes plantées et dotées de bancs. Cette gradation et cette diversité des dessertes ont pour effet de multiplier les ambiances. Les appartements en rez-de-chaussée sont protégés par des soubassements légèrement inclinés et plantés de massifs d’arbustes. Ces espaces intimes et verdoyants ont été conçus en collaboration avec la paysagiste Florence Robert.
Ce passage d’un espace à l’autre s’exprime également dans l’architecture. L’opération est fermée sur la rue par de longues façades présentant une réelle unité, notamment grâce au long bandeau formé par les balcons filants et au traitement soigné des rez-de-chaussée. Le raccord avec les immeubles avoisinants s’opère en douceur, par le gabarit et les matériaux. Pour briser l’échelle que la grande densité de l’opération aurait pu entraîner et avec le souci d’éviter la barre standardisée, ils ont scindés l’ensemble en plusieurs unités. Le long de la rue Sadi-Carnot, ils ont creusé des brèches et joué sur les retraits de volumes pour créer des scansions verticales tandis qu’horizontalement ils ont conçu une organisation tripartite. Les trois étages intermédiaires sont traités en linéarité, tandis que pour les deux étages d’attique les architectes ont laissé libre court à leur créativité. Ils ont composé une frise, basée sur des éléments géométriques, qui combine lignes, rectangles, trapèzes, et forme une véritable sculpture à la fois aérienne et monumentale. Pour les architectes, c’est le lieu où l’on s’éloigne du banal. Les rez-de-chaussée, animés par des commerces, sont en retrait pour offrir la protection d’une galerie. Ici aussi les formes se tordent, se plient, se courbent, accompagnant les passants dans un cheminement ondulant peu ordinaire. En coeur d’îlot, c’est l’individuel qui prime. Finit la linéarité, les murs se creusent, s’avancent, les balcons apparaissent et disparaissent, les fenêtres s’ouvrent en hauteur puis en largeur, les volumes s’entremêlent sans ordre apparent. L’ensemble surprend par sa complexité et reste presque impossible à décrire. Ce n’est pas le chaos pour autant, la maîtrise de l’ensemble est évidente. Pour la comprendre il faut partir du logement. Ce dernier est au coeur du travail des deux architectes installés à La Courneuve (93) et confrontés depuis le début de leur carrière à la problématique d’un habitat social qu’ils veulent optimal. Leurs recherches tournent autour de « l’hybridation entre logement collectif et individuel et la manière d’inclure l’individualité dans un collectif ».
A Drancy, chacun des 186 logements est sinon unique au moins spécifique, chacun est exposé à la meilleure lumière mais protégé des vis-à-vis. C’est donc cette diversité qui se lit de l’extérieur, chaque famille a son propre appartement qu’elle reconnaît aisément de la rue ou de la cour. Ces façades exubérantes correspondent davantage à un souci de bien habiter qu’à un formalisme pur et dur. Du reste, les habitants s’accordent sur la qualité de vie qui émane de ces aménagements. La différence en façade entre les logements PLA et PLI, 148 d’un côté, 38 de l’autre, n’apparaît pas. Ils sont tous logés à la même enseigne, celle du perfectionnisme des architectes Lipa et Serge Goldstein.
Ce goût pour une architecture expressive et cette attention aux détails se retrouvent dans les matériaux. Un foisonnement de textures et de couleurs accompagne les mouvements des édifices. Brique claire et brune, céramique noire/brune ou noire/blanche, tôles d’inox perforées, enduits clairs ou panneaux de béton brut jouent les contrastes ou bien se fondent harmonieusement. Le bois recouvre les sous faces des balcons. Cet habillage ne se cantonne pas aux murs, il se poursuit sur le murets, colonnes et autres édicules utilitaires renforçant l’ancrage des bâtiments. Même les trottoirs ont reçu un traitement de qualité à la hauteur des bâtiments qu’ils desservent. Cette architecture de mesure et de démesure offre des niveaux de découverte progressifs, de l’urbain à l’intime. De loin, il ressort une impression d’unité, due notamment au travail sur les formes et les couleurs. Tandis que plus on s’approche, plus les volumes se décomposent et offrent des possibilités de lectures très variées jusqu’aux détails les plus subtils. Pour cette opération, Lipa et Serge Goldstein, ont reçu le prix Michel Péricard 2000. Prix qui récompense une réalisation qui « s’inscrit dans le cadre de vie sans dénaturer l’environnement » (…) et qui « est un lieu de vie où l’équilibre est maintenu entre le bâti et les espaces verts…. ». Lipa et Serge Goldstein sont les architectes du projet et Florence Robert est la paysagiste consultante.
148 logements PLA + 170 m² de commerces et 633 m² de bureaux & 38 logements PLI+ 540 m² de commerces
148 logements ZAC Centre-ville 2
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