Le contexte : une ZAC “territorialisée”

La ZAC Princesse occupe une partie du parc de l’asile impérial construit sous le Second Empire (1855) et qui deviendra plus tard l’Hôpital du Vésinet. Un cheminement, la “serpentine”, permettait aux malades de se promener dans le vaste parc : 40 hectares entourés d’un haut mur en pierre. Par la suite, près de la moitié du parc est laissée à l’abandon et s’enfriche à l’exception des “jardins” à l’avant et à l’arrière de l’hôpital. En 2011, la ZAC Princesse est créée sur cette opportunité foncière de 18 ha. En 2014, Grand Paris Aménagement est désigné comme aménageur et se donne pour objectif de réaliser une ZAC “territorialisée”. Entre 2015 et 2016, des ateliers de concertation ont été menés afin d’interroger les vésigondins sur les usages attendus, la densité et l’implantation des bâtiments du futur quartier.

Le programme

La ZAC prévoit la création de 450 logements (soit 350 000 m2) répartis sur une dizaine de lots, dont chacun est attribué à un binôme d’architectes. La construction de logements est accompagnée de la restructuration d’une école existante, la démolition/reconstruction d’un gymnase, la construction d’une crèche et la réalisation de 10 ha d’espaces publics. Un traité de concession a été mis en place avec la Ville pour la gestion des espaces publics.

Réinterpréter le règlement de lotissement de la “colonie” du Vésinet

Lié au développement du chemin de fer par les frères Pereire, la colonie du Vésinet est créée entre 1850 et 1853 d’après les dessins du comte de Choulot. Un règlement de lotissement très précis est mis en place (implantation des constructions, clôtures etc.) afin de maîtriser la qualité des constructions. L’agence Ter, en charge du plan guide, de la coordination de la ZAC et de la maîtrise d’œuvre des espaces publics, s’est inspirée de ce règlement pour réaliser le cahier des charges de la ZAC. Les nouveaux logements devront s’insérer dans le parc comme des pavillons dans un jardin du XIXème. Un gabarit proche de celui des villas vésigondines est donné pour chaque bâtiment : 12m de haut et une emprise de 25×15 m.

L’agence Ter a prévu l’aménagement d’une pièce d’eau qui permet de structurer le plan masse. Ce “sixième lac”, cher au vésigondins, permet d’aboutir le projet inachevé du comte de Choulot.

Préserver les 1000 arbres anciens du parc

Dès l’origine du projet, l’objectif est de préserver le cadre exceptionnel qu’offre le parc en le mettant à disposition des futurs habitants et de tous les vésigondins. Les arbres mesurant au minimum 30-35 cm de diamètre ont été relevés et intégrés au plan masse lors d’ateliers de conception avec l’ensemble des équipes. Le cahier des charges prévoit des pénalités financières importantes si un arbre est endommagé pendant le chantier et notamment lors de l’excavation des parkings souterrains et du talutage. Un périmètre de protection de 6 m est ainsi obligatoire autour de chacun d’eux pendant toute la durée du chantier.

Limiter la place de la voiture

Afin de limiter la présence de voies carrossables et d’utiliser à leur avantage la règlementation sur la sécurité incendie, tous les logements sont en deuxième famille de construction, les limitant à R+3. Afin de ne pas perturber le regard, la présence de stationnements et de clôtures est limitée (RAL et hauteur de lisse imposés dans le cahier des charges). Chaque bâtiment possède son propre parking souterrain, complété de stationnements en surface et en périphérie de l’opération. Tous les logements possèdent ainsi un double adressage sur la “serpentine” et du côté des voies automobiles.

“Vivre à plusieurs dans des grandes villas vésigondines sans faire de pastiche”

Le lot C, porté par le promoteur OGIC prévoit la construction de 56 logements partagés entre les agences Lambert Lénack (30) et SOA (26). L’opération comporte des logements en accession à la propriété et des logements sociaux. Les deux agences proposent des modes d’habiter et des écritures architecturales différents répondant de manière contemporaine aux villas vésigondines.
SOA reprend le principe des arches de l’hôpital pour y installer des duplex superposés, répartis sur trois bâtiments connectés par des passerelles et couronnés de toitures inversées. Ces grandes arches reprennent les vides laissés sous les houppiers des arbres dans le but de s’intégrer plus délicatement. En façade, l’enveloppe très matte, ton « ciel francilien », dissimule la bâtisse derrière les arbres tandis que les bandes miroitantes accentuent la verticalité et reflètent le paysage environnant. Lambert Lénack propose des logements sur un niveau avec de grandes loggias. Il décline des blocs de béton préfabriqués qui reprennent la couleur des pierres de l’hôpital.

Construire en préfabriqué pour diminuer les nuisances

Le cahier des charges demande à chaque équipe de choisir un mode constructif innovant du point de vue environnemental et peu impactant pour le site durant le chantier : filière sèche ou préfabrication. L’agence Lambert Lénack décide de réaliser les façades de ses trois bâtiments en béton teinté préfabriqué. Ces modules sont traités avec une finition hydrofuge (afin que l’eau de pluie ruisselle sans laisser de coulures). Ils ont été réalisés par l’entreprise belge Decomo à partir de coffrages en bois assemblés sur mesure par un menuisier. Une fois coulés, ils sont acheminés par camions, mis en place puis jointés sans autre finition supplémentaire. Le cahier des charges prévoyait une hauteur sous plafond dégressive pour chaque étage : 3 m en RDC, 2,7 m au R+1 et 2,5 m au R+2. Afin de limiter les coûts liés à la réalisation de différents moules, l’agence a pu déroger à cette règle et faire des éléments de 3 m pour tous les étages (soit une hsp de 2,7 m).

“Le Vésinet réunit un patrimoine éclectique d’architectures, où toutes les époques ont cultivé des pièces originales, comme autant de folies. Les nouveaux immeubles incarnent cette même valeur de liberté pour chaque architecte et chaque architecture. Elle est ici minérale, ordonnancée, rythmée verticalement de piles et horizontalement de bandeaux qui dessinent un caractère ornemental singulier pour chaque immeuble.” (Lambert Lénack)

Le choix des matériaux

L’agence Lambert Lénack a opté pour des matériaux pérennes : du terrazzo au sol, le dessin des mains courantes dans les cages d’escalier et des serrureries en cuivre dans les espaces communs (bâton de maréchal des portes extérieures, poignées intérieures et boutons de tirages de chaque logement). Dans les logements, les menuiseries sont en bois accompagnées de BSO (brise soleil orientable), les parquets et les sols des terrasses sont en bois massif. À l’échelle de l’ensemble de la ZAC, la priorité donnée aux matériaux biosourcés a permis d’obtenir le label Biosourcé niveau 1 ainsi que BiodiverCity READY.

L’avis du CAUE

Le relevé exact des arbres dès l’amont du projet a assuré le plus possible leur préservation et leur lien étroit avec les nouvelles architectures. L’absence de voitures permet de répondre aux attentes des élus et des habitants pour lesquels la ville-parc est un mode d’habiter ! Les hauteurs limitées ne viennent pas créer de rupture dans le paysage arboré : les logements se fondent dans le contexte. La ZAC Princesse est le fruit d’un travail en bonne intelligence sur le temps long entre la ville, la maîtrise d’ouvrage et les équipes de maîtrise d’œuvre. Elle offre un ensemble territorialisé : pari gagné pour les acteurs de ce projet d’envergure !

Pour les avoir visités lors d’une des Eco-Rencontres, le CAUE salue la qualité des logements de l’agence Lambert Lénack qui ont par ailleurs été nommés pour l’Équerre d’argent en 2023 !

La ZAC en chiffres :

  • 236 logements en accession à la propriété
  • 222 logements sociaux (dont 165 logements familiaux, 27 logements au sein de la résidence pour personnes âgées et 30 d’une résidence accueil)
  • 91 unités d’habitation pour personnes âgées
Programme

Construction de 30 logements (Lambert Lénack) + 26 logements (SOA)

Maître(s) d'ouvrage(s)
Année de réalisation
2023
Surface(s)
2250 m² SDP (sur un total de 4700 m²)
Coûts
4,3 M € (enveloppe totale : 11,2 M €)
Crédit photos
© Giaime Meloni, Salem Mostefaoui, Camille Gharbi, Agence Ter, CAUE 78
Distinction(s)
Logements de Lambert Lenack nommés Équerre d’argent 2023
Réalisation mise à jour
juillet 2024
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