Aménagement de la Place des Droits de l’Homme
OBS-249
1 – OBJECTIFS DE LA COLLECTIVITE
La Place des droits de l’Homme représente un exemple typique d’ «urbanisme sur dalle ».
« Pièce maitresse » d’un nouveau quartier construit au début des années 80 et comprenant l’hôtel de ville, un centre culturel et des logements, cette place est dans la réalité la couverture d’un parking souterrain sur deux niveaux.
Toute hypothèse de réaménagement devait donc d’abord se confronter à de nombreuses contraintes d’ordre technique et notamment :
• le respect des règles et des documents techniques unifiés en vigueur concernant l’étanchéité des toitures. Cette contrainte était accentuée par la volonté du maitre d’ouvrage de s’affranchir du recours à la technique des « dalles sur plots » qui, se dégradant dans le temps, avait fortement compromis et limité l’utilisation de la place.
• le respect des surcharges de la dalle limitées à 350Kg/m² (largement sous-dimensionnées à l’époque) qui limitent significativement toute hypothèse de re -végétalisation de la place
• la nécessité de faciliter l’accès depuis le « sol naturel » situé 180 cm plus bas et surtout de se conformer aux règlementations concernant les personnes à mobilité réduite
Au-delà de ces contraintes techniques, le réaménagement de la place visait à résoudre trois problèmes fondamentaux :
• l’urbain – à travers un travail sur les « interfaces », il s’agissait de « désenclaver » la place, estomper ses franges en leur donnant une « naturalité » que le malheureux urbanisme sur dalle avait nié dans le passé
• la multifonctionnalité – le réaménagement ne devait se proscrire d’aucune utilisation future mais faire vivre la place, « réagir » et interagir dans le temps avec ses multiples visages :
• « forum » civic la journée, « square » urbain le soir, « place du marché » à l’occasion des brocantes, ventes etc., « parvis » lors de manifestations publiques ou théâtrales.
• « remplie » sa texture à « pixels» renvoie des informations concernant ses multiples utilisations
• « vide » la place est traitée comme une véritable façade, sa texture à « damier » vibre à la lumière de jour comme de nuit.
• le dépavage – il ne s’agissait pas d’utiliser le végétal pour « faire beau » en lui attribuant le rôle cosmétique de maquillage urbain mais plutôt de « dépaver », de réimplanter de la biomasse dans la ville, de retrouver « sous les pavés » la nature afin que l’espace public interagisse avec le changement des saisons et que son visage puisse se transformer au gré du temps.
2 – MOYENS MIS EN ŒUVRE
A l’objectif de résoudre le problème d’enclavement de la place, répondent :
• le réaménagement de l’accès depuis le « Jardin des Cultures » avec la création d’un escalier monumental. Cet accès très utilisé, restait malgré tout très confidentiel. L’intervention a visé à lui redonner une nouvelle visibilité depuis le Jardin des Cultures et l’entrée de la nouvelle médiathèque.
• le réaménagement de la rampe d’accès depuis le boulevard de l’Hôtel de Ville. Il s’agissait ici de prolonger visuellement le parc urbain au-delà du boulevard de l’Hôtel de Ville jusqu’au pied de la place des Droits de l’Homme en inscrivant la nouvelle rampe à l’intérieur de la végétation existante qui, dans le projet, est renforcée et densifiée. La voie d’accès au parking sous dalle, ainsi réaménagée, a perdu son caractère de délaissé urbain
• le réaménagement des escaliers et de la rampe depuis l’avenue Nelson Mandela. Ici l’accumulation des éléments ponctuels voire anecdotiques (rampe, muret, édicules, paliers, etc.) morcelaient l’espace public en lui enlevant fluidité et lisibilité.
Le dénivelé et le profil des escaliers d’accès depuis l’allée Nelson Mandela ont été repris afin d’assurer un espace public minimal en partie basse, par le passé complètement inexistant.
Dans ce sens, le réaménagement de l’escalier, sa transformation en élément sculptural est passée par la démolition de tous garde–corps en maçonnerie et leur remplacement par des garde-corps plus légers en acier barreaudé.
Le mur et l’édicule des sorties de l’escalier de secours du parking s’inscrivent comme des « accidents » à l’intérieur de la trame générale de la nouvelle place.
L’escalier-sculpture se transforme en escalier–jardin, la végétation s’incrustant dans les marches en prolongement naturel de l’alignement d’arbres existants sur l’avenue Nelson Mandela.
La rampe d’accès PMR est « découpée » et inscrite à l’intérieur de cet escalier.
Le réaménagement devait conjuguer deux conceptions différentes, voire opposées de la place :
• celle « dynamique » d’une place traversant, lieu de passage, véritable « carrefour » des différents parcours
• celle « statique » d’une place fermée à certaines heures et transformée en « square urbain ».
Cette dernière ne pouvait pas être réduite seulement à un simple problème esthétique de camouflage des clôtures, mais passait véritablement par une conception intégrant à la fois ces deux utilisations « la place comme lieu de transit » et « la place comme lieu de repos et de contemplation ».
A l’intérieur de la trame s’inscrivent les éléments fixes de la clôture (battants en deux éléments).
Ces éléments en panneaux barreaudés et perforés, une fois « au repos », sont utilisés comme support de signalétique du théâtre, affichage, etc…
De plus le maitre d’ouvrage souhaitait pouvoir disposer de la place pour différentes utilisations : brocantes, spectacles, expositions, etc.
D’où la nécessité de concevoir un espace flexible et capable d’assumer différentes configurations et le choix d’utiliser des micro-jardins de 3.50m x3.50 m divisibles en 4 parties et donc aisément déplaçables comme des « échecs sur un damier ».
3 – METHODE DE REALISATION
Le projet constitue un réaménagement total de la dalle de 3 000 m² . Le chantier a commencé par l’enlèvement des dalles sur plots et la réfection complète de l’étanchéité et du système d’évacuation des eaux pluviales.
Au regard des problématiques précitées, le projet s’appuie sur une trame principale (une maille carrée de 3.50m x 3.50m) constituant le « squelette » principal de l’ouvrage. Y sont inclus les systèmes d’éclairage par LED implantés aux intersections et complétés par de l’éclairage en hauteur ainsi que la récupération des eaux pluviales par un procédé de caniveaux à fente ou ajourés.
En réponse à la contrainte de 350kg/m² , cette trame squelette en béton est armée afin de répartir les charges et permettre ponctuellement de positionner les bacs plantés.
A l’intérieur de cette trame, les « pixels » ainsi créés sont constitués d’une structure légère, en l’occurrence un tapis drainant continu, un « nid d’abeilles » en polypropylène, suivi d’un béton léger sur lesquels reposent les revêtements définitifs :
• les « pixels » circulations et « manifestations » sont réalisés en béton coloré.
• les « pixels » terrasses sont en dalles de bois exotique.
• les escaliers et rampes d’accès à la place sont en béton préfabriqué.
L’éclairage nocturne de la place est assuré par des LED’s implantés à l’intersection des trames et complété par de l’éclairage en hauteur.
Le végétal est introduit sur cette place sous forme de micro-jardins amovibles. Ces petits espaces accueillent les passants et le public du théâtre sur des bancs intégrés aux jardinières. A l’échelle du site ces masses forment un jardin sur dalle qui redonne à cette espace un contact avec le végétal.
Des arbres aux feuilles caduques comme les Erables apportent une saisonnalité à ce lieu tandis que des espèces aux feuilles persistantes comme les Magnolias grandiflora et les Pins sylvestre donnent un aspect verdoyant tout au long de l’année. Au pied de ces arbres sont plantés des tapis d’arbustes aux fleurs blanches : Charmes, Orangers du Mexique, Rhododendrons, Buis, Fusains et Houx…
4 – IMPACT ATTENDU
Cette place publique peut désormais grâce à sa polyvalence accueillir de nombreux évènements, constituer une sorte de prolongement extérieur du centre culturel Louis Aragon et offrir un véritable lieu de vie en plein air.
La nature et l’instabilité des anciens revêtements ainsi que le dénivelé par rapport au terrain naturel rendaient l’accès et l’utilisation de la place très dissuasifs. De plus sa relation urbaine avec les espaces environnants (le parc, le jardin des Cultures, le parvis de la médiathèque) et avec les bâtiments l’entourant (l’hôtel de ville, le Centre culturel Louis Aragon,) étaient niée. L’absence d’éclairage était source d’insécurité.
5 – IMPLICATION DE LA POPULATION
La réalisation du projet a été précédée d’une série de réunions de concertation avec les habitants. Les travaux ont été mis en oeuvre selon un phasage permettant toujours l’accès et le fonctionnement des équipements entourant la place. La prise en compte de cette contrainte dès la conception (certainement favorisée par la choix d’une texture « modulaire ») a permis de résoudre tous les problèmes (en termes d’évacuation d’eau et de sécurité) engendrés par cette solution.
Les habitants ont ainsi pu suivre directement « en live » le processus de réhabilitation de la place et la réfection des différents « pixels ».
Les habitants profitent aujourd’hui de l’ombre au droit des micro-jardins pour s’asseoir et investir le nouvel espace.
Réaménagement de l’accès depuis le « Jardin des cultures », de la rampe d’accès depuis le boulevard de l’hôtel de ville, des escaliers et de la rampe depuis l’avenue Nelson Mandela
Aménagement de la Place des Droits de l’Homme
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