Ateliers thérapeutiques en bois et briques de terre crue

En 2020, la Fondation l’Élan Retrouvé a décidé de refaire appel aux architectes de l’agence Tolila+Gilliland Atelier d’Architecture qui ont réalisé l’hôpital de jour pour enfants à Chevilly-Larue (94).

Le contexte

En bordure de Seine à Meulan, ces ateliers thérapeutiques ont été commandés par la Fondation l’Élan Retrouvé. Ils viennent compléter le Centre Gilbert Raby, établissement de santé privé d’intérêt collectif (ESPIC), participant au service public hospitalier et spécialisé en addictologie. Le centre est installé dans le parc d’une ancienne propriété. La parcelle, en pente, est bordée par un ancien mur en pierre au nord et par la Seine au sud. L’ensemble des équipements du centre se situe sur le haut de la parcelle, contre la rue qui la borde.

Implantation et organisation des ateliers

Le nouveau bâtiment est implanté en bout de parcelle côté est, à la place d’une nappe de stationnements entourée d’arbres. Il s’insère dans la pente du terrain et fonctionne autour de deux niveaux entièrement indépendants afin de s’affranchir de l’installation d’un ascenseur. Au centre du bâtiment, un volume non chauffé sert de rue intérieure bioclimatique et assure la distribution des salles. Les ateliers sont des espaces modulables qui permettent d’accueillir un maximum d’activités différentes (écriture, théâtre, travaux manuels etc.).

Distribution du programme

Au rez-de-chaussée (haut) les ateliers thérapeutiques et la laverie sont à destination des patients hébergés sur le site et accessibles depuis le nord. Depuis le sud, au rez-de-jardin (bas), l’hôpital de jour accueille les patients en suite de soins de façon journalière. L’usage de la pharmacie, également en rez-de-jardin, est réservé au personnel hospitalier. Les espaces techniques, sont eux positionnés au nord ou en contact avec le sol : ils font office d’espaces tampons en hiver pour limiter les déperditions.

Conception bioclimatique

La rue intérieure est largement éclairée via un bandeau vitré zénithal. Elle est tempérée en hiver et protégée par des stores amovibles pour assurer le confort d’été. Des ouvertures en partie haute et basse lui permettent une ventilation passive de l’espace central et une évacuation de l’air chaud emmagasiné par les surfaces vitrées en été (freecooling nocturne). Les ateliers, largement vitrés vers l’extérieur, possèdent des ouvrants en partie haute du côté de la rue intérieure afin de profiter du flux de ventilation. L’entrée sud entièrement vitrée est équipée de grilles métalliques à claires-voies orientées à 45°. Ces brise-soleils assurent la protection en été tout en laissant passer le soleil d’hiver dont l’angle d’incidence est plus important.

Economie de la construction

La volumétrie compacte et la distribution rationnelle du programme permettent de limiter le nombre d’éléments architecturaux et par la même la consommation de matière tout en tenant le budget. Au rez-de-jardin, la partie semi-enterrée du bâtiment a amené le choix d’une structure béton armé moins sensible à l’eau que le bois. Après la réalisation de la dalle, c’est en chantier sec que se sont poursuivis les travaux.

Matériaux bio et géosourcés

La structure en ossature bois et les menuiseries ont été préfabriquées en atelier. La façade est revêtue de bardeaux triangulaires en mélèze. Les cloisonnements sont en briques de terre crue côté rue intérieure et enduits en terre à l’intérieur des salles. Les briques de terre crue, issues de la fabrique Cycle Terre ont notamment été choisies pour leur inertie thermique qui permet de rendre la chaleur en hiver et la fraicheur en été.

Performance thermique

Le bâtiment est de forme compacte afin de regrouper les espaces, limiter le linéaire de façade et ainsi les déperditions énergétiques. Des panneaux de bois préfabriqués isolés en laine de bois assurent la performance thermique : isolation en hiver et déphasage thermique en été.

Bien-être et matériaux naturels

Outre l’aspect environnemental des éco-matériaux, il paraissait logique aux architectes de les employer pour ce programme à vocation médico-sociale. Il est prouvé que le bien-être des occupants d’un bâtiment est augmenté quand ils sont au contact de matériaux naturels.

Une agence engagée

L’agence franco-américaine Tolila+Gilliland a été créée en 2011 par les architectes Gaston Tolila et Nicholas Gilliland qui s’étaient rencontrés à l’occasion d’un concours d’architecture humanitaire en 2003. Engagés socialement et écologiquement, ils interrogent les méthodes constructives pour réduire l’impact environnemental des constructions sur l’intégralité de leur cycle de vie. Ils ont construit de nombreux projets en France et à l’étranger, notamment plusieurs autour du médical et du soin (ex : hôpital de jour pour enfants à Chevilly-Larue avec le même maître d’ouvrage).

L’avis du CAUE

Le CAUE apprécie la réflexion globale portant sur les matériaux, l’insertion dans le site et le souci du bien-être des usagers. Les architectes ont mené des recherches sur les filières locales de matériaux bio et géosourcés afin d’adopter une démarche d’économie circulaire. Mention spéciale pour le souci du détail permettant de valoriser les matériaux (bardeaux en façades et cloison en briques de terre). Une méthode de travail pragmatique et économe que l’on aimerait voir plus souvent dans les projets !

Cette réalisation a fait l’objet d’une visite organisée dans le cadre des Eco-rencontres du CAUE 78.