Belvédère de Tourvieille
S’insérant dans les ruines d’un bâtiment historique, le belvédère de Tourvieille propose un point de vue haut, rare en Camargue, permettant un nouveau regard sur ses paysages.
Contexte
La Tour de Tampan, construite en 1614, est une ancienne tour de guet en bord du Rhône, une vigie d’alerte pour la sécurité des populations. Lorsque le fleuve se déplace, vers 1660, elle est transformée en ferme, puis au XIX°s. en demeure bourgeoise et prend le nom de château de Tourvieille. La ruine de l’édifice a débuté après la seconde guerre mondiale et s’est poursuivie jusqu’au début du chantier en 2017.
Emblème camarguais, édifice inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 1933 et propriété du Conservatoire du Littoral depuis 2008, le bâtiment était alors parvenu à un état de ruine avancé, au bord de la disparition.
De l’élégance primitive de la Tour de Tampan et du charme cossu de la fière demeure Bourgeoise de Tourvieille, il ne restait que ces élévations ruiniformes et instables. Les quatre voûtes des vastes salles s’étaient effondrées et les murs formant la silhouette complète de la tour s’étaient amplement ébréchés. L’érosion des maçonneries courrait… Dans ces contrées sauvages d’étangs et de marais, les édifices qui permettent de s’élever et voir les paysages d’infinie horizontalité sont exceptionnels. Le projet de belvédère s’inscrit aussi dans une démarche de site plus vaste : Tourvieille constitue la porte d’entrée de toute la zone naturelle de Beauduc, fortement fréquentée et objet d’une grande attention écologique.
Conception
L’objectif du projet est double : sauvegarder de manière pérenne le vestige historique et lui donner un usage collectif sensé : la création d’un belvédère ouvert au public, rejoignant la fonction originelle et offrant au visiteur un point de découverte exceptionnel sur la Camargue.
Ainsi, la ruine, de pierre bâtie au mortier de chaux, a été stabilisée, avec des méthodes traditionnelles et attentives, dans la forme exacte dans laquelle elle nous était parvenue, sans reconstruction ni destruction supplémentaire. Elle a été ensuite “reconstruite“, réaménagée pour servir son nouvel usage.
Trois matériaux constituent le projet : la pierre de l’édifice primitif, l’inox de l’escalier, du belvédère et des structures des parois et la sagne en bardage extérieur et vertical, chaume vernaculaire de Camargue et roseau abondant – et endémique – des paysages alentours. Les éléments nouveaux s’insèrent en délicatesse vigoureuse dans la ruine stabilisée, parfaitement respectée. Ces aménagements sont sans ambiguïté, ils appartiennent clairement au XXI°s. Les portiques de soutien du belvédère s’appuient sur les restes de murs, l’escalier ruiné est complété, en inox, et cueille au fil de l’ascension les restes de marches suspendues. La sagne fait peau et reconstitue la silhouette complète de la tour, opaque et élancée.
Le belvédère permet donc, après avoir parcouru la circulation verticale historique du bâtiment, d’en contempler l’intérieur ruiné, en plus du vaste paysage. L’entrée se fait par une des portes historiques. À l’intérieur, un passage est ménagé dans la masse des pierres issues de l’effondrement qui remplissent le pied de l’édifice, laissées en place comme témoins de l’état de ruine.
Une ombrière est insérée dans les anciens volumes de la ferme, un gabarit simplifié est mis en place sur la piste.
L’accès pédestre depuis le parking se fait en douceur, selon deux chemins pédestres. Le premier longe la piste, le second s’aventure tranquillement dans le paysage de Camargue par un détour vers le canal voisin.
- Valorisation et mise en scène de ruines d’un château
- Installation d’un belvédère
Belvédère de Tourvieille
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