Chapelle Notre-Dame-d’Orient
Architecture du XXe dans l’Yonne
Dominant la vallée de la Cure dans un cadre naturel remarquable, la tour Malakoff se dresse depuis 1859. De forme octogonale, elle a été érigée en hommage à la Vierge Marie pour la remercier de sa bienveillance envers les combattants de Sermizelles revenus vivants de Crimée. Devant le flux régulier de pèlerins, une nouvelle chapelle fut édifiée à proximité à la fin des années 1950. Le site est donc indissociable de cette tradition locale qui donna lieu un temps à une ascension processionnelle du chemin de terre conduisant à ce lieu de culte et de prière.
Les murs de la chapelle sont en pierre ; la toiture à deux pans inclinés inversés et asymétriques, qui de l’intérieur guide et favorise l’élévation du sentiment religieux, repose sur des portiques et des poutres transversaux en béton. Quatre failles latérales ornées de vitraux et une fente zénithale font entrer des flots de lumière colorée, dans une nef dépourvue de tout mobilier à l’exception d’un imposant autel en pierre. Marc Hénard (1919-1992) a également réalisé les parties sculptées ainsi que les vitraux. Artiste avallonnais notamment auteur de nombreuses sculptures religieuses, il illustre avec cet édifice le renouveau de l’architecture religieuse de l’après-guerre. Les figures d’apôtres et de saints se déploient à l’extérieur en une vaste frise sur les portes en bois de l’entrée. L’ensemble des personnages inscrits dans des formes triangulaires évoque autant une portée musicale que les inscriptions hiéroglyphiques d’un langage primitif. Les vitraux abstraits s’étirent en quatre compositions verticales qui reflétent le goût des années 1950 pour les lignes souples et les compositions labyrinthiques. L’assemblage, en apparence aléatoire, de verres épais et vivement colorés laisse apparaître les éclats et les larges joints qui mettent en valeur la matérialité de la paroi. La chapelle concilie la rudesse de l’appareillage en pierres qui l’ancre dans le sol avec l’aspect lisse du béton et des formes représentatives des recherches de l’époque. Le primitivisme du décor sculpté et de la masse grossièrement équarrie de l’autel contrastent avec les véritables dalles de verre constituées par les vitraux. L’artiste a ainsi créé un lieu de spiritualité inattendu et en phase avec la beauté de son environnement.
Extrait du Guide d’architecture en Bourgogne 1893-2007 – Éditions Picard-2008
Chapelle Notre-Dame-d’Orient
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