Chaume urbain, rue couverte multifonctions à Saint-Denis

Parc des portes de Paris, 93200 Aubervilliers

OBS-488

« Les mots du maître d’oeuvre »

Le projet « Chaume urbain » est une rue couverte en chaume et en bois de réemploi qui doit permettre aux travailleurs du parc tertiaire de rallier le métro aux immeubles de bureaux. L’anneau, connecté à la place du Front Populaire en face de la sortie du métro, est une invitation à la déambulation.

Associé à l’histoire du site, le chaume est mis en scène par une volumétrie organique, une topographie végétale qui anime le paysage urbain. Tel un myriapode articulé, cet élément paysager intrigant permet de susciter la curiosité des usagers et de créer un mythe valorisant la mobilité douce et la rencontre.

Cette architecture urbaine adopte une posture exemplaire et innovante en matière d’écologie, de matériaux biosourcés et de réemploi.

INSERTION DU PROJET DANS LE SITE :
Les entrepôts réhabilités du Parc des Portes de Paris révèlent leur histoire au travers de leur architecture industrielle revalorisée, mais également au travers de la toponymie de ce site reconverti. Haut lieu de stockage de la capitale, les denrées alimentaires non périssables y faisaient escale à la fin du XIXème siècle et donnent aujourd’hui le nom des rues voisines.

Le projet de rue couverte propose de relier les entrepôts de briques dans leur écrin minéral par un ruban de chaume. Ce matériau de couverture ancestral est composé de tiges de céréales. Il fait le lien entre l’image des denrées alimentaires et le matériau de construction.

Aujourd’hui devenu un parc tertiaire où se côtoient aussi bien des sièges de grandes firmes nationales comme des studios de télévision, ce microcosme fourmille presque 24h/24h.

Evénement urbain singulier, cette longue rue couverte va dynamiser le site et accélérer le développement des transports doux du Parc des Portes de Paris.

La rue couverte, conçue comme un espace réversible, permet d’accueillir plusieurs temporalités d’usages, quotidiennes et saisonnières. Multifonction, elle sera l’occasion de rencontres et d’échanges entre les travailleurs et pourra accueillir de nouveaux modes de travail « hors les murs » : réunions en marchant, en courant, au café, conférences extérieures, événements de promotion. Les passants pourront à l’inverse se déconnecter du bureau, en déambulant dans un espace de détente extérieur.

PARTI PRIS ARCHITECTURAL :
Assumant le contraste de la matière dans un territoire très urbain, cette peau de chaume vient recouvrir une structure en bois de réemploi. Cet ensemble anachronique dans cet environnement amène les passants à lever les yeux, à s’arrêter et à prendre le temps de s’interroger sur leurs environnements et le lieu où ils transitent quotidiennement.

L’enjeu porte sur la valorisation des savoir-faire et de l’économie locale, notamment à travers le développement des filières nationales du chaume et du bois.

Le chaume désigne des toits confectionnés en matières végétales. Peu mécanisée, cette filière réclame majoritairement de la main d’œuvre depuis la récolte des tiges de graminées (ici roseau de Camargue) jusqu’à la mise en œuvre sur la charpente. Le savoir-faire ancestral d’artisan-chaumier est ainsi valorisé. Cette technique profite donc directement à l’économie locale par son lieu de production, de transformation et de mise en œuvre.

La mise en œuvre de bois de réemploi pour la structure (75% de bois de réemploi correspondant aux poteaux, jambes de forces, liens de pentes et pannes) permet de perpétuer et de préserver le savoir-faire des charpentiers sur sa capacité d’analyse et de façonnage à la main.

Mixant low et high tech, l’innovation du projet réside dans l’alliance d’un matériau de couverture séculaire à une technologie de pointe pour la réalisation de la charpente. La volumétrie complexe suppose le recours à des techniques spécifiques de modélisation 3D.

Le toit de chaume, c’est à la fois une référence à l’histoire, un mélange de techniques ancestrale et innovante ainsi qu’une pédagogie environnementale.

Programme

une rue couverte en matériaux biosourcés et de réemploi : Bois de réemploi, Vêture en fibres végétales

Maître(s) d'ouvrage(s)
Types de réalisation
Année de réalisation
2021
Surface(s)
235 m²
Coûts
280 000 € HT
Crédit photos
Clément Guillaume
Réalisation mise à jour
avril 2023
debug, no arrray