Cour de l’école Robert Badinter

Genèse du projet

Le projet de rénovation de la cour d’école élémentaire fait suite aux souhaits émis par les enfants et l’équipe enseignante en 2021. A cette période, l’idée des usagers s’orientaient vers la mise en place de nouvelles aires de jeux. Michèle Crastes, adjointe à l’enfance, la jeunesse et à l’éducation s’est emparée du sujet et a souhaité mener une réflexion de rénovation tournée vers la transition écologique.

Face aux épisodes de fortes chaleurs, les cours d’école bétonnées construites au cours des vingt dernières années s’apparentent davantage à des parkings qu’à des espaces verts propices aux jeux des enfants. Ces aménagements manquent d’imagination et offrent peu de diversité dans les usages, limitant les possibilités de jeux calmes et créatifs. Les jeux de ballon occupent une place prépondérante, reléguant les enfants moins attirés par ce type d’activité dans les marges. La cour de l’école de Saint-Jean-de-Boiseau ne fait pas exception à cette problématique.

État initial

La grande cour bitumée de l’école d’environ 2526 m² (dont 2120 m² hors préaux et coursives) accueille 335 élèves scolarisés. Ouverte toute l’année aux enfants, elle accueille le périscolaire, l’accueil de loisirs les mercredis et les petites vacances ainsi que celui organisé par les Francas l’été.

Dans son état actuel, la cours se compose d’un grand terrain de foot et de quelques espaces résiduels dont un bac à sable sous exploité et souvent boueux en hiver. La végétation est anecdotique, se limitant à deux grands arbres sans strates végétales intermédiaires. En face du préau, un vieux mur de pierres encadre la cour.

Elle ne disposait que de très peu d’arbres et par conséquent peu d’ombre lors des journées caniculaires de juin à septembre, de rares assises, aucun carré de verdure. Seuls les paniers de basket et l’espace foot donnaient place aux garçons sportifs.

Programme

La Ville de Saint-Jean-de-Boiseau, engagée dans la transition écologique a pour objectif d’adapter ses espaces au changement climatique et de repenser l’espace de la cour de demain dans une globalité sociale et écologique, de redonner une place à chaque enfant, de manière plus égalitaire et plus inclusive, bienveillante. Elle souhaite ainsi améliorer les conditions d’accueil et de travail de la communauté éducative afin de permettre le bien-être des enfants et de favoriser la réussite éducative des élèves.

• Une amélioration du cadre de vie en baissant la température ressentie

• Une vertu pédagogique par :

  • La création d’une cour plus ludique favorisant les jeux collectifs ;
  • L’aménagement d’espaces calmes ;
  • Une sensibilisation des élèves par la mise en place d’ateliers (plantation, entretien…), favorisant la création, la découverte, l’observation et l’apprentissage ;
  • Une reconnexion des enfants à la nature pour stimuler leur imaginaire, en encourageant d’autres formes de jeux plus calmes et collectifs ;
  • Le développement de la concertation avec la communauté éducative.

• Une cour inclusive par :

  • L’accessibilité des jeux à tous les enfants, en les positionnant à leur hauteur ;
  • Une appropriation de l’espace plus équilibrée entre les filles et les garçons ;
  • Une cour n’excluant aucun enfant et leur permettant la mixité, de jouer ensemble qu’ils soient porteurs ou non d’un handicap, quelque-soit leur âge.

• Un objectif environnemental par :

  • La création d’espaces permettant de lutter contre les îlots de chaleur en apportant de la fraicheur (ombre, évaporation d’eau) et de désimperméabiliser les sols pour lutter contre le ruissellement des eaux de pluie.

• Faire des écoles des lieux de biodiversité par :

  • La préservation de l’équilibre des écosystèmes, l’amélioration de la gestion des eaux, le développement de la faune et de la flore.

Concertation

Depuis 2021, les enseignants, les enfants ainsi que les animateurs étaient en attente d’aménagement de la cour avec des propositions de cabanes et de copeaux. La ville a souhaité mettre en œuvre ce projet avec de plus grandes ambitions avec un groupe de travail associant l’ensemble des acteurs éducatifs concernés (enseignants, élus, enfants, animateurs, parents, agents municipaux).

Une première réunion a eu lieu le 1^er février 2023 par le CAUE de Loire-Atlantique, pour sensibiliser chacun aux enjeux actuels environnementaux, aux impacts, aux besoins de l’enfant, aux bénéfices de la renaturation.

Une nouvelle place au végétal

Le projet acte la désimperméabilisation de près de 40% de la surface de la cour. « Après deux périodes de travaux, le bitume qui recouvrait la cour a laissé place à 567 m² de sols perméables pour permettre le retour des eaux de pluie à la nappe phréatique. La surface végétalisée est désormais de 455 m².

La plantation de massifs de vivaces fleuries et de jeunes baliveaux permet de structurer l’espace en plusieurs sous-espaces appropriables. À terme, ces baliveaux deviendront de grands arbres, qui offriront ombre et fraîcheur à la cour. Ils sont aussi choisis pour leur qualités saisonnières, adaptées aux temps de l’école.

Plusieurs plantations permettront d’apporter progressivement de l’ombrage et de la fraicheur dans la cour :

• 50 arbres de hauteurs différentes dont 5 arbres tiges, 8 cépées et 37 baliveaux. Les arbres existants ont été conservés ;
• 3 grands massifs avec paillage en copeaux de bois sont composés d’arbustes et de vivaces (azalea, iris, agapanthus, anémone…) ;
• installation de copeaux de bois sur des espaces de cheminements ;
• des espaces « clôturés », permettant aux plantations de s’épanouir sans piétinements.

Un système de récupération d’eau de pluie (capacité de 1000l) permet de collecter les eaux de toiture et d’alimenter une cuve pour l’arrosage des massifs.
Un espace minéral est conservé au sud, sur l’ancien terrain de foot mais une large bande plantée habille ses abords, accompagnées de grands bancs filants.

­Nouveaux usages et mobiliers

Le projet cherche à favoriser la multiplicité des usages, en investissant les espaces périphériques de la cour par l’installation de mobilier ludique, d’assises, de buttes, de platelages et de tipis tout en préservant une circulation fluide du nord au sud.

Le mobilier et les aménagements ont été pensés avec simplicité pour stimuler l’imaginaire des enfants et répondre à des besoins pédagogiques : un banc peut ainsi devenir un parcours, un motif au sol peut à la fois délimiter un espace et servir de piste pour les cycles, un platelage sert d’assise et de support pour faire classe dehors.

Parmi les autres installations pédagogiques et ludiques : des structures de jeux en bois (une structure à grimper, des cabanes-tipis, un jeu avec des cordes tendues).

(Texte : ML/CAUE de Loire-Atlantique à partir de contenus transmis par la Kévin Loquais/Commune de Saint-Jean-de-Boiseau et Xavier Glemarc et Chloé Ricou/Super 8)