La première gare de Nantes-Orléans, inaugurée en 1853, enjambait les voies et regardait vers le château et la Loire. Elle fut reconstruite dans les années 60 au nord des quais, et alors tournée vers le Jardin des Plantes. C’est pourquoi Nantes, contrairement à la plupart des villes, ne possède pas de véritable « place de la Gare ».

Avant sa requalification, le parvis n’était qu’un espace bitumé juxtaposant étroitement parkings, voies automobiles et la ligne de tramway bordée de jeunes camélias.
La restructuration de la gare, par les architectes Rudy Ricciotti et Forma6, a réouvert en 2020 l’équipement vers la ville, grâce à la construction d’une monumentale passerelle vitrée, rythmée par des arbres de béton blanc, reliant ses entités nord et sud.

Dans le même temps, le parvis est devenu piéton, dallé de différentes nuances de gris, et doté de massifs irréguliers dont les enrochements et les plantes ornementales semblent directement échappés du Jardin des Plantes. Ce dernier s’ouvre d’ailleurs sur la rue Écorchard par une entrée supplémentaire percée dans sa clôture.
Entre la gare et le château, l’emprise des voies routières a été diminuée et éloignée vers le sud, au profit d’un large quai piéton, dallé de granite, qui longe les immeubles de l’allée du Commandant Charcot, et d’un environnement végétalisé de la voie du tramway. Les anciens alignements d’arbres ont été remplacés par des plantations plus libres, mêlant formes et essences.

Cette richesse végétale se poursuit jusqu’à la place de la Duchesse Anne. Le début du tunnel acheminant l’Erdre vers le canal Saint-Félix y a été remis en valeur, grâce au creusement d’une « cuvette » gradinée et plantée.
Cet aménagement fait le lien avec celui du square Élisa-Mercœur, devant le château, et celui des alentours de l’île Feydeau, toujours en cours, et se poursuivra ensuite avec la requalification de la Petite Hollande, dans l’idée d’un long fleuve végétal traversant d’Est en Ouest le centre-ville de Nantes.

 

Les « éclats botaniques »

Le rapport d’échelle et la révélation de l’architecture patrimoniale pose la question de « quel arbre dans la ville ? ». En tenant compte du climat Nantais, et des fluctuations d’intensités lumineuses naturelles, il s’agit d’utiliser une majorité de plantes caduques afin de profiter des qualités de mi-ombre l’été, de lumière l’hiver tout en étant un moyen très simple d’exprimer les saisons. Les surfaces plantées sont doublées et accompagnées de la plantation d’environ 160 arbres.

Avec l’ambition de « sortir le Jardin des Plantes de ses murs » au cœur du centre-ville historique de Nantes et d’affirmer le savoir botanique dans l’histoire de la ville, le projet répand une diversité d’essences horticoles dans les rues et le long de la « Promenade Nantaire », crée un arboretum au pied du Château des Ducs de Bretagne, varie les collections le long du Canal Saint-Félix dans une logique de connaissance des végétaux de rives.

Les « éclats botaniques » du parvis, pensés comme des extensions du Jardin des Plantes rappellent le jardin dans leur matérialité (jeux de rochers, étiquetage des plantes, traitement spécifique des sols…) et sont plantés de grands végétaux :

  • Les éclats d’Extrême Orient : Pinus sylvestris, Sophora japonica, cortège de végétation basse et rochers, Cornus controversa ‘Pagoda’ étendant son feuillage en larges plateaux, Prunus x Yeodensis annonçant le printemps.
  • Les éclats Piquants : Zanthoxylum simulans, Yucca glauca et Agave americana montrent leurs défenses, attendris par les feuillages doux de Festuca mairei, Stipa pennata et Euphorbia myrsinites…
  • L’éclat Austral : massif arbustif duquel surgissent les Eucalytus camaldulensis et Eucalyptus gunni. Leurs souples ramures s’accommodent des vents d’Ouest.
  • L’éclat méditerranéen : végétation odorante en été de Myrtus communis ‘Compacta’, des Euphorbia ‘Copton Ash’ et des Salvia interrupta. Quercus suber et Quercus ilex prenant de la hauteur.
  • L’éclat d’Amérique du nord : au sein d’une végétation dense, un Acer freemannii ‘Autumn Blaze’, un Taxodium distichum et un Liriodendron tulipifera élèvent leurs feuillages caractéristiques.
  • L’éclat frais : un grand Acer saccharinum, trois Dicksonia antarctica apportent de l’ombre en été et prennent place au milieu du feuillage exubérant des Astilboides tabularis et de la généreuse floraison de l’Aruncus dioicus. A l’automne, le Nyssa sylvatica se pare de feuilles rouges. En hiver, les fougères se cachent.
  • L’éclat des magnolias : les séculaires Magnolias grandiflora invitent à faire une dernière halte avant de passer les grandes Portes du Jardin des Plantes.

(Texte : CAUE de Loire-Atlantique d’après un texte du maître d’œuvre)

Programme

Requalification des espaces publics de la Gare Nord afin d’offrir une qualité d’usage et de fonctionnement urbain, dans le cadre du projet de transformation du cœur de la ville de Nantes pour un centre habité, actif, accessible et attractif : parvis, insertion du tramway et de sa station, du stationnement Silo existant, lisibilité des parcours notamment vers le centre-ville, apaisement de la circulation automobile, etc.

Maître(s) d'ouvrage(s)
Types de réalisation
Année de réalisation
2019
Surface(s)
3 ha
Coûts
13 000 000 € HT
Crédit photos
PHYTOLAB
Distinction(s)
Sélectionné pour Aperçus 2021, Prix départemental d’architecture, d’urbanisme et d’aménagement de Loire-Atlantique organisé par le CAUE de Loire-Atlantique
Réalisation mise à jour
février 2023
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