Internat du lycée Victor-Bérard, restructuration

Le lycée Victor-Bérard, situé à Morez Hauts de Bienne, la « capitale de la lunetterie », forme les futurs lunetiers, opticiens et techniciens d’entreprise. Le bâtiment a été construit en 1920 par les architectes Paul Guadet et André Boucton, fortement inspirés par la pensée d’Auguste Perret dont les œuvres ont diffusé l’usage des constructions en béton armé.
Le projet de restructuration a été réalisé dans le respect du bâti existant pour le mettre en valeur.
Il s’organise sur cinq niveaux et se compose de quarante-cinq chambres de quatre personnes, six chambres de deux personnes (accessibles aux personnes à mobilité réduite), cinq chambres individuelles, destinées aux surveillants, quatre salles d’étude, quatre salles vidéo, une salle vidéo/étude.
La particularité du projet a été de continuer à accueillir la totalité des élèves pendant toute la durée du chantier.

Les combles existants ont été transformés afin de créer un niveau supplémentaire de chambres. Les lignes horizontales produites par l’articulation entre la toiture et la maçonnerie forment une rupture entre le bâti et le ciel. Cet espace permet également de récupérer de la neige à l’aide d’un caillebotis qui évite la formation de congères puisque le bâtiment est situé au cœur du massif du haut Jura caractérisé par un climat de montagne.
La structure originelle du lycée est constituée de poteaux et de poutres en béton armé. À l’intérieur, les vides entre les éléments porteurs étaient fermés par des éléments en maçonnerie
légère et des menuiseries. Ce système constructif permettait de pouvoir lire en façade la structure du bâtiment et ainsi d’avoir de larges baies vitrées entre les éléments porteurs. La mise en évidence des lignes des planchers et des poteaux qui com- posent la façade générait une intensité de contrastes lumineux. Dans le projet, cet effet a été mis en relief par les réparations du béton et l’application d’une peinture minérale blanche.
Les grandes ouvertures ont été partiellement remplies par des éléments en zinc quartz pré patiné, de même nature que la toiture et les parois extérieures de la cage d’ascenseur. En se répétant, les modules de la façade créent un rythme régulier. L’occultation des chambres et des salles communes est assurée par des stores en toile placés à l’intérieur, pour assurer leur pérennité. À l’intérieur, la structure est conservée, mais le cloisonnement est réétudié pour optimiser la qualité des différents espaces. La mutualisation des fonctions a permis de redéfinir chaque lieu et d’en améliorer le confort. Le projet reprend le système de distribution (escaliers et couloirs) existant. Les sanitaires et les salles de bains sont répartis au centre du bâtiment, pour faciliter l’entretien et le fonctionnement.
Dans les chambres de quatre places, les plafonds ont été positionnés en fonction de l’utilisation du lieu, les espaces donnent l’impression d’être sculptés. Le mobilier prend une part importante dans l’aménagement des espaces : les placards forment des alcôves qui évitent la promiscuité et abritent un lit intégrant le chevet alors que la partie centrale de la chambre, d’une plus grande hauteur sous plafond, est un espace partagé doté d’une table de travail.

(Texte Atelier Tardy)