Maison PJàN
Le projet est situé dans le quartier Dervallières-Zola, à l’ouest de Nantes. Il s’agit d’un quartier ayant une faible densité urbaine et un voisinage composé essentiellement de maisons individuelles. Le terrain dispose à l’origine d’une habitation avec un sous-sol semi-enterré, un rez-de-chaussée surélevé et un étage sous combles aménagé, ainsi qu’un jardinet en fond de parcelle. Il est bordé de deux maisons individuelles aux toitures inclinées à double pente en tuile. La famille, composée de quatre personnes, souhaitait améliorer la distribution actuelle de la maison en augmentant sa surface afin de pallier au manque d’espace actuel et obtenir trois chambres convenables.
La réponse à la surélévation de cette maison est donnée par l’observation des toitures traditionnelles de Nantes : la présence importante des toitures d’ardoise très inclinées est rythmée et contrasté par d’imposants murs en brique contenant les cheminées. A Nantes il n’y pas de construction traditionnelle en brique. Les façades présentent un socle en pierre de granit et les étages supérieurs sont enduits et peints dans destonalités claires. Le reflet noir des fenêtres atténue le contraste avec les toitures d’ardoises, trouvant ainsi une unité formelle et chromatique. Seul l’imposante présence de ces murs-souches vient déstabiliser cet équilibre introduisant un dégré de richesse et de complexité volumétrique que les bâtiments n’ont pas intentionnellement intégrés à la base de leur conception. La brique étant choisie pour ses propriétés thermiques et non en fonction d’un souci esthétique, le paysage urbain de la ville est donc marqué à l’origine par un accident formel.
Avec la réalisation de bâtiments plus importants afin d’accueillir un plus grand nombre de logements, les souches augmentent progressivement leur taille et deviennent des murs-pignons, véritables non-façades de la ville. Ces éléments évoluent, incorporant timidement des fenêtres jusqu’au premier tiers du XIXème siècle où nous trouvons déjà de nombreux édifices dont les cheminées deviennent un élément très complexe et de grande importance dans la composition architecturale des immeubles. Les cheminées se muent en véritables façades, avec de faux et de vrais percements, modénatures, arcades, etc. Sur certaines constructions, ces éléments se retournent vers les façades principales en établissant une continuité entre l’écriture de la rue et celle du pignon. Avec les évolutions techniques et la disparition progressive du chauffage au bois dans les logements, ce travail autour des cheminées et des souches n’a pas eu de suite dans l’architecture contemporaine.
Le projet propose de rehausser la maison existante ; cette dernière est surélevée d’une hauteur moyenne d’environ 3 m, ce qui permet la création d’un niveau supplémentaire complet et d’un niveau partiel sous combles côté jardin. L’impact visuel de l’extension est minimisé depuis la rue grâce au désaxage du faîtage vers la façade arrière. La présence de souches sur les deux pignons que nous devons rehausser tout comme l’importance visuelle de la surélévation par rapport à l’échelle de la rue a conduit à poursuivre ce travail vernaculaire reprit par certains architectes du XIXème siècle.
La façade proposée se poursuit vers le pignon ; elle intègre d’abord les ouvertures, puis les souches, pour apparaître à nouveau sur la façade opposée, tout en se pliant vers l’intérieur du volume afin de réduire son échelle, et ainsi briser sa linéarité. Le travail architectural accorde la même importance aux façades sur rue, arrière et latérales. Et à la manière de celles des centres-villes, la brique attend la surélévation des bâtiments mitoyens pour disparaitre, et laisser alors le rôle principal aux cheminées. Amputée de ses pignons, la maison récupère cette richesse de lecture des bâtiments anciens de Nantes.
En effet, lorsque les maisons mitoyennes seront surélevées (car elles le seront), la brique restera aussi apparente sur les façades, les souches, les fenêtres chien-assis, et sur le mur porteur qui sépare la toiture en deux. A ce moment précis, la lecture du bâtiment sera la plus intéressante, empreint d’ambigüité et de complexité. Bien que la réalisation de l’étude de sol ait révélé l’impossibilité de construire cette surélévation en brique porteuse, il a semblé pertinent de conserver toute cette réflexion, en utilisant finalement le bois comme matériau de structure. La richesse de lecture est conservée par l’utilisation d’un bardage bois qui tient dans une main – comme la brique. L’architecture est ainsi considérée comme toujours inachevée.
La surélévation a nécessité un matériau léger afin de ne pas impacter les fondations existantes. Malgré l’appréhension des clients, la création d’un poteau central essentiel à la structure a dû être envisagée. Afin de les impliquer dans cette décision et suite à une réflexion menée autour de la matérialité du poteau, l’utilisation d’un tronc d’arbre a été envisagé. Ce tronc d’arbre (un tronc en acacia, tordu, choisi dans une scierie près de Nantes) a généré une démarche d’implication forte de la part des clients, depuis son choix jusqu’à sa pose, qui leur a permis de nouer un lien particulier avec leur projet. Comme la brique pour les bâtiments de centre ville, l’arbre n’est ni un choix formel, ni un choix esthétique. L’arbre devient aussi architecture dans le regard des autres…Comme la brique, peut etre.
Approche environnementale :
– Structure Bois (MOB)
– RT2012
– Chauffage à bois
Rénovation et surélévation d’une maison de ville : 3 chambres, 1 bureau, 3 salles de bains, 1 salon-salle à manger-cuisine, 1 salle de jeux et 1 terrasse
Maison PJàN
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