Le Portail Blanc est l’une des quatre portes du bourg castral, perché et circulaire de Sauzet, d’un grand intérêt patrimonial (1). La place hors les remparts est héritée du développement, à partir du XVIIe siècle, d’un faubourg à la vocation marchande. Le quartier, avec ses commerces et la mairie-école toute proche, constitue aujourd’hui encore le principal pôle de vie et de commerces du village. Le renouveau de la place du Portail Blanc est au cœur du projet de requalification d’espaces publics engagé par la municipalité. Le projet prend attache avec le passé et redonne une attractivité et une qualité de vie au centre-bourg de Sauzet.

Au XIXe siècle, la place avait été reconfigurée suite au percement de la route de Crest à Montélimar (avec plan d’alignement et démolitions bâties) puis aménagée autour d’une fontaine. En 2015, la déviation est en service depuis quelques années et le transit ne s’opère plus par le centre-bourg et la place. Le déclassement de la route départementale permet d’envisager la requalification des espaces publics dans la traversée du bourg. La place était devenue un carrefour sans qualité envahi par les voitures, sa fontaine avait disparu, et la convivialité du lieu n’existait plus que dans la mémoire des anciens.

Une calade en pierre calcaire grise (2) – posée sur lit de sable au niveau des zones piétonnes et sur grave ciment au niveau des zones circulées – est rythmée par des lignes de pavés à la teinte claire et à la finition flammée (2). Ce revêtement revalorise la “place haute” aux abords de la porte médiévale. Il se prolonge en pied de façades le long du chemin de ronde jusqu’au Portail Lafont non loin de là, et s’interrompt par endroits pour permettre une végétalisation. Un lieu de vie est regagné à l’ombre des platanes existants, autour d’une fontaine dessinée sur mesure. Celle-ci réinterprète le modèle ancien disparu, avec son bassin circulaire et une colonne centrale en pierre calcaire (2) et quatre sorties d’eau intégrées dans une engravure de la colonne. Débarrassés de leur revêtement en enrobé non filtrant, les pieds d’arbres sont végétalisés et protégés par une bordure, là aussi circulaire, en pierre calcaire claire à la finition flammée (également utilisée pour les marches et autres bordures gérant les différences altimétriques (2)). Déplacé pour l’agrandir, le mur de soutènement de la place présente un soubassement enduit, une couvertine et des escaliers en pierre calcaire (2), un garde-corps tout en transparence, à l’identique du mur maintenu et rénové au droit du chemin de ronde. Revêtu d’un béton désactivé de couleur claire, le chemin de ronde s’élargit face au Portail Lafont. Planté d’un arbre et végétalisé, un micro-espace en belvédère a été ménagé ici avec des assises en pierre calcaire permettant de profiter de la vue.

La “place basse” se situe au carrefour des routes de Montélimar, Crest, La Coucourde et La Bâtie-Rolland. Son revêtement en béton désactivé de couleur claire et texturé avec des granulats de calcaire prolonge la calade, redessine l’emprise globale de la place et affirme la zone de rencontre nouvellement réglementée. La circulation est apaisée, les piétons ont redécouvert le plaisir de déambuler. Des lieux de convivialité – une placette et des terrasses dédiées aux commerces voisins, délimitées par des lignes de pavés ou des bordures en pierre calcaire – égayent les lieux grâce à la réduction des largeurs de voirie. A l’angle des routes de Montélimar et de La Coucourde, la placette s’organise autour d’un olivier. Un arbre de plus grande envergure, avec une belle ramure, aurait sans doute été plus en adéquation avec l’échelle de l’architecture avoisinante et aurait procuré un ombrage bienvenu à la belle saison. Le pied de l’olivier est de nouveau entouré d’une bordure en pierre dont le dessin circulaire est ici conforté par une petite épaisseur traitée en calade. Le pied de façade est également traité en calade et végétalisé par endroits, de manière similaire au pied de rempart.

De part et d’autre de la place, les routes de Montélimar et de Crest sont requalifiées selon une même typologie, afin de marquer la continuité et l’identité de l’axe percé au XIXe siècle. Des lignes de pavés, bordures ou caniveaux en béton préfabriqué, et des bas-côtés en béton désactivé estompent l’aspect routier de la chaussée (gardée en enrobé) et identifient les espaces piétonniers. Route de Montélimar, le seuil du Tourtoiron a été piétonnisé et reconfiguré. Il marque qualitativement l’accès au centre-bourg. Seules quelques places de stationnement ont été maintenues sous le chemin de ronde pour leur proximité avec les commerces. De même route de Crest, une aire de stationnement a été maintenue et revalorisée par des plantations. Ici, l’aménagement diffère au droit de la mairie et de l’école pour répondre à des usages spécifiques. La mairie étant implantée en retrait de l’alignement bâti, l’espace piétonnier a pu être élargi. Il a aussi été rehaussé pour créer des quais bus. Le parvis de l’équipement est ainsi revalorisé, les entrées et sorties d’école sont mieux gérées et sécurisées, et les usagers des transports en commun bénéficient de quais bus accessibles et confortables.

Le projet s’est accompagné de la mise en œuvre d’un nouveau plan de circulation à une échelle élargie, l’objectif étant de favoriser les déplacements doux et de contraindre les circulations automobiles (réduction des vitesses, meilleur partage des lieux avec les piétons et les cyclistes…). C’est la mise en sens unique de la route de la Coucourde qui a par exemple permis de regagner de l’espace piétonnier au carrefour des quatre routes et d’aménager la placette plantée d’un olivier. Sur le plan du stationnement, le centre-bourg de Sauzet est suffisamment doté de places dans un périmètre de 200 m autour de la place du Portail Blanc. Ce constat a permis de conforter la décision prise par les élus de limiter la capacité de stationnement dans le périmètre du projet tout en conservant une accessibilité facile et pour tous aux commerces et à l’école (dépose-minute).

(1) Le bourg castral et ses abords sont protégés au titre d’un Site patrimonial remarquable (SPR).
(2) Provenance des pierres calcaire utilisées sur la place du Portail Blanc : Chomérac (Ardèche) pour la pierre calcaire grise de la calade ; Tieule (Lozère) pour la pierre calcaire de teinte claire (fontaine, couvertines et escaliers du mur de soutènement, bordures, dalles et lignes de pavés structurantes).

Texte rédigé par le CAUE de la Drôme (juillet 2021)

Programme

Requalification d’espaces publics : place et rue principale

Maître(s) d'ouvrage(s)
Année de réalisation
2019
Surface(s)
4 500 m²
Coûts
Coût des travaux : 820 532 € HT Coût d'opération (travaux, honoraires et frais divers) : 911 660 € HT
Crédit photos
© CAUE de la Drôme ; © Emmanuel Georges
Réalisation mise à jour
janvier 2023