Architecture du XXe en Saône-et-Loire

Projetée dès 1944, la construction du quartier de Bioux au sud-ouest de la ville débuta en 1948.  Les cinq barres parallèles furent complétées par d’autres types d’habitat (petits collectifs, maisons individuelles, jumelles, en bande…), une école, ainsi que par un grand collectif curviligne et une cité de relogement. L’ensemble qui tente de répondre à l’importante pénurie de logements de l’après-guerre constitue un intéressant catalogue de l’architecture des années 1950-1960 : les recherches sur l’implantation et la typologie des constructions, la préservation d’espaces verts, le mélange des matériaux et une certaine richesse formelle lui confèrent encore aujourd’hui une grande homogénéité.
Mâcon connaît un important développement économique après la guerre. L’accroissement de la population et la vétusté du bâti des quartiers les plus anciens nécessitent la constuction de milliers de logements à loyers modérés. Ces vastes opérations sont prises en charge par la municipalité, assistée dans le cas présent par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. L’architecte-urbaniste Daniel Petit applique dans ce contexte des idées assez proches de la Charte d’Athènes : la différenciation rationnelle des activités (zoning) se traduit par l’édification de cités-dortoirs, souvent sans logique de proximité avec les principaux lieux de travail. L’extension urbaine s’effectue sur les terrains disponibles : Bioux à l’ouest de la voie ferrée, et la Percée-sud à l’est, constituent avec les Perrières (au nord de la ville) les plus importants chantiers de constructions de logements pour cette décennie. Sa poursuite dans les vingt années suivantes au nord de la ville (ZUP-nord, quartiers des Gautriats et des Saugeraies) achève la fixation durable de ces zones à haute densité, d’autant plus regrettable à Mâcon du fait de la morphologie étirée de la ville le long de la Saône.
Le quartier de Bioux se distingue en échappant à la monumentalisation abusive et à l’entassement impersonnel affectant les autres opérations. Situé en retrait des principaux axes de circulation – mise à part la voie ferrée toute proche – il offre un cadre verdoyant et apaisé. Il est la manifestation des enjeux et des recherches de l’époque en matière de standardisation de l’habitat, avant les excès des années suivantes : peu clôturée, cette cité-jardin urbaine a obéi à une conception à la fois rationnelle et attentive aux vertus urbaines des espaces verts séparant les constructions.
L’importance des surfaces habitables, l’aération, l’ensoleillement (les appartements sont tous orientés est-ouest), les espaces piétonniers entre les immeubles constituent autant d’apports soulignés à l’époque : les immeubles de Bioux, procurant à 140 familles un logement confortable et sain, sont construits sur des terrains d’où l’on découvre sur 180° vingt kilomètres de paysages variés et pittoresques, des terrains bien dégagés et qui reçoivent de toutes parts un air impollué et la lumière du soleil à toutes les heures du jour (Avis favorable au permis de construire, novembre 1947). Cet enthousiasme est réel, et montre à quel point les préoccupations sociales et sanitaires imprègnent la conception des premiers ensembles. La stigmatisation systématique des erreurs commises dans les décennies suivantes ne doit pas faire oublier que la conception du logement social  a régulièrement été sous-tendue par une vision progressiste et attentive au mieux-être des habitants : la prise en compte d’un nouveau mode de vie s’est ainsi traduite dans l’urgence des chantiers d’après-guerre par une évolution des espaces en fonction des nouveaux besoins et loisirs, comme le montre le document ci-contre.

Extrait du Guide d’architecture en Bourgogne 1893-2007- Éditions Picard –  2008

Année de réalisation
1948
Surface(s)
Non communiqué
Coûts
Non communiqué
Crédit photos
CAUE 71
Réalisation mise à jour
septembre 2022
debug, no arrray