Redécouverte et restauration d’un théâtre du XIXe siècle
L’Histoire du Petit Théâtre de Brienon
C’est le 24 mars 1812 que 40 Brienonnais décident d’offrir à la ville de Brienon le bâtiment qu’ils viennent de construire, destiné à devenir la « Maison Commune, origine de l’actuelle mairie, place Emile Blondeau.
Le cabinet du maire et son secrétariat, la justice de paix, le bureau du commissaire de police et le logement du concierge occupent le rez-de-chaussée Au premier étage on dispose d’une très grande salle et d’un garde meuble. Au deuxième étage, un vaste grenier carrelé est éclairé par quatre lucarnes.
En 1832, le conseil municipal décide d’achever la construction de la salle de spectacle, qui avait été prévue en 1829, mais restée inachevée.
L’ensemble de la construction est particulièrement soigné, l’escalier est en chêne, la charpente également, les peintures sont de qualité.
A partir des années 1920, le théâtre de Brienon sombre dans l’oubli. Il ne restait plus que des vestiges menacés d’une dégradation irréversible. Au-dessus de la scène, sur la voûte ogivale on pouvait encore apprécier une peinture sur fond bleu représentant une allégorie des années 1830.
Texte d’après Annie Basset, Présidente de la Société Historique du Brienonnais.
État des Lieux
L’état de ce petit théâtre tombé dans l’oubli était assez catastrophique.
Le plafond de la Salle du Conseil avait été masqué par un faux-plafond il y a quelques dizaines d’années, car il présentait une flèche de 20 à 25 cm : le poids important du plancher de l’étage du Théâtre, le nombre important de personnes assistant à ces représentations que l’on pouvait imaginer animées, et la conception (ou la transformation?) des poutres maîtresses ont fait qu’effectivement le plancher s’affaissait dangereusement et menaçait même de s’effondrer dans la Salle du Conseil. Les mesures qui ont été mises en œuvre à ce moment ont été bénéfiques pour partie et désastreuses pour une autre partie… Bénéfiques, car le plancher ayant été allégé de toute la tomette et le terril qui le chargeaient, le plafond ne s’est pas effondré, un autre a été reconstitué, et un faux-plancher provisoire a été installé dans les combles… mais désastreux car le travail s’est effectué sans une réelle surveillance et les piédroits de la charpente secondaire (reposant sur une semelle qui reposait elle-même directement sur la tomette enlevée) constituant la voûte ont été supprimés à la tronçonneuse au lieu de les étayer correctement pour pouvoir les reprendre ultérieurement…. La charpente de la voûte, la voûte décorée elle-même se sont donc à leur tour affaissées…
Ajoutons à ce désastre des infiltrations d’eau de pluie par les toitures et les châssis, et nous comprendrons mieux combien ce petit théâtre a souffert.
Mais le problème principal demeurait, et avant d’envisager toute restauration il convenait d’y trouver une solution: les poutres maîtresses avaient été modifiées ou pour le moins conçues de façon étrange (poutre armée?). Deux pièces de bois de belle section se joignant bout à bout au centre de la pièce liées entre elles par des éclisses de bois et métalliques et reprises par dessous par des lambourdes de bonnes dimensions…? Le reste du plancher avait été construit de façon plus classique avec des solives en chêne et de belle dimension portant de poutre à poutre. Y avait-il un tirant métallique reprenant ces demi-entraits jusqu’au poinçon de façon à soulager ces poutres? Ces tirants auraient-ils été supprimés pour faire place au théâtre construit vingt ans plus tard? Ou les éclisses métalliques dont nous parlons auraient-elles été mal dimensionnées?
Malgré la relecture attentive des plans et des mémoires descriptifs dressés à cette époque par les divers architectes qui ont travaillé sur ce projet on ne retrouve pas d’indication précise à ce sujet.
Quelles qu’en soient les raisons, le problème demeurait puisque ces poutres étaient inutilisables en l’état, en raison de leur faiblesse démontrée et avérée, et qu’il n’était pas non plus question de les changer (ce qui aurait provoqué la réfection complète du plafond de la Salle du Conseil et une reprise en sous-œuvre délicate, voire impossible, des charpentes). Le problème a été résolu de façon indépendante par l’ajout de poutrelles métalliques supplémentaires positionnées entre les cours de ferme, sur des sommiers en béton et reprenant un solivage et un plancher refaits à neuf. Ce plancher acquiert alors une résistance suffisante, et est conforme aux normes pour accueillir du public.
TRAVAUX EFFECTUÉS
Une fois ces problèmes de poutraison et de plancher résolus, la restauration de ce théâtre n’a plus posé de difficultés insurmontables.
Pour des raisons de poids et d’épaisseur de plancher il a été préférable de reconstituer le plancher en parquet de chêne sur solives et lambourdes plutôt qu’en carrelage. Les charpentes secondaires ont été restaurées et redressées à leur niveau d’origine, la voûte refaite à neuf en plâtre et les fresques peintes à l’identique par des artistes spécialisées dans ce domaine.
Plâtrerie, isolation, menuiseries intérieures et extérieures, peinture, électricité chauffage ont été refaits à neuf.
Les normes incendie et désenfumage sont respectées et un escalier de secours a été créé dans le petit bâtiment annexe faisant jonction entre la Mairie et l’Église (côté rue). Les trois niveaux sont affectés à usage d’escalier de secours et de sanitaires.
Un ascenseur destiné à l’accessibilité des personnes handicapées est construit dans la cour située entre l’église et la mairie, et distribue ainsi les trois niveaux (rez-de-chaussée, salle du conseil et théâtre) les fenêtres existantes modifiées font office de porte d’accès. Un remodelage des sanitaires du rez-de-chaussée est également indispensable pour un meilleur accès.
On a vu que l’édifice avait subi quelques désordres au cours de ses presque deux siècles d’existence, et que les travaux effectués à l’étage sont venus s’ajouter encore aux désordres ; aussi, de façon à parer à tout incident, le bâtiment a été conforté, en maçonnerie et gros-oeuvre, de manière à englober à la fois une vérification/renforcement des fondations ainsi qu’un renforcement des chainages horizontaux et verticaux et des sablières.
Le plafond de la Salle du Conseil a été refait entièrement.
Pendant la phase de chantier, la commune a préféré refaire entièrement la couverture en ardoise ainsi que le ravalement.
(Texte écrit d’après Laurent Gautard)
Réhabilitation du Théâtre, ravalement de la façade de l’Hôtel de Ville, réfection de la couverture, peintures intérieures de l’hôtel de ville
Redécouverte et restauration d’un théâtre du XIXe siècle
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