Résidence la Manufacture
OBS-181
Le canal de l’Ourcq, projet napoléonien pour alimenter Paris en eau, traverse Pantin avant de pénétrer dans la Capitale. Ouvert à la navigation en 1821, il a été un vecteur important de l’industrialisation et ses berges ont longtemps été bordées d’entrepôts et de bâtiments usiniers. Dans sa reconquête des abords du canal, la Ville de Pantin a fait le choix de préserver certains sites industriels de grande qualité, comme les Grands Moulins transformés en bureaux, et aujourd’hui, l’ancienne manufacture de meubles F. Louis. Créée en 1853 à Paris, l’entreprise s’est implantée en 1908 à Pantin, sur une parcelle de 8.000 mètres carrés, entre le canal et la rue Victor Hugo, à peu de distance à la fois de la gare de chemin de fer et de la mairie. L’architecte Etienne Jacquin, avait réservé les terrains en bordure du canal pour le stockage du bois et construit vers la rue Victor-Hugo les bâtiments de logement, administratifs et de production. Réaffectés et modifiés plusieurs fois par la suite, le site était un espace clos qui tournait le dos au canal. Des hangars occupaient les terrains le long du quai et de la rue transversale de la Distillerie. Sa reconversion comprenait la réhabilitation des bâtiments les plus remarquables, protégés au titre de l’article L.123-1-7 du code de l’urbanisme, l’ouverture d’un mail reliant la rue aux quais, la création d’un jardin et la construction de logements. Bien conservés, les bâtiments dessinés à l’époque par l’architecte Etienne Jacquin sont en briques de Fresne et en maçonnerie de meulière apparente. Ils s’inscrivent autour d’une vaste cour pavée ouverte sur la rue. Sur la gauche, l’ancien logement patronal est particulièrement soigné, notamment par son décor de brique polychrome. Il possédait un vitrail des célèbres ateliers Barillet, ornant la salle d’attente du bureau du directeur (aujourd’hui disparu). Sur la droite, le dépôt de meubles, en brique et meulière, haut de trois niveaux est percé de larges ouvertures, toute hauteur au rez-de-chaussée et horizontales dans les étages. Il est longé par un quai de déchargement protégé par une marquise. Au fond, les anciens ateliers sont surmontés d’un fronton qui porte la raison sociale de la manufacture. Un bel espace fermé d’une verrière arrondie qui la fait davantage ressembler à un jardin d’hiver les précède. Il s’agissait en fait de la salle des machines. L’ensemble, ainsi que les petits édifices annexes, constitue un tout homogène que la réhabilitation très respectueuse a su conserver. Les façades ont été rénovées quasiment à l’identique, seules quelques baies ont été créées. Les fenêtres ont été changées, dotées de menuiseries métalliques peinte en gris avec volets roulants. Les petits bois reprennent le mouvement vertical original. Les façades ont été nettoyées et revêtues d’un enduit monocouche. Le lettrage de la raison sociale autrefois en faïence émaillée monochrome a été remoulé sur place. La structure des bâtiments en bon état a été conservée. La création de courettes intérieures a permi d’éclairer certaines pièces. Des sous-sols ont été creusés pour installer des parkings en connexion avec les parties neuves. Certains planchers ont été doublés en bac acier pour rattraper des différences de hauteur. Ces dernières, parfois importantes, ont été abaissées. En effet le maître d’ouvrage a fait le choix de ne pas y créer de lofts mais des appartements traditionnels. Dans le rez-de-chaussée des anciens ateliers ainsi que dans la salle des machines prendra place un équipement public. La grande cour, pavée de grés, a donc gardé son aspect initial, mais est devenue publique puisqu’elle peut dorénavant être traversée et qu’un passage sous la travée de gauche des anciens ateliers permet d’accéder à une cour-jardin, largement ouverte sur le quai. Plantée d’arbustes et équipé de bancs, cette dernière a été rétrocédée à la mairie. Elle a été baptisée Pierre Desproges. L’opération est complétée par des bâtiments neufs, qui entourent la cour-jardin, s’étendent le long de la rue de la Distillerie et se retournent rue Victor-Hugo pour venir s’accoler à l’ancien logement patronal. L’ensemble forme un îlot compact et cohérent au sein duquel les bâtiments patrimoniaux se détachent et lui apportent une identité forte. Le long des rues, dans un esprit très urbain, les immeubles, tous de cinq étages, sont à l’alignement. Les angles sont à pan coupé et des commerces sont prévus rue de la Distillerie. Côté canal, ils sont à l’alignement du quai et entourent la cour jardin en s’appuyant sur les anciens ateliers. Ces immeubles ne forment pas un ruban continu et uniforme. Au contraire un traitement différent des façades a été étudié dans l’idée de retrouver le paysage urbain traditionnel constitué de succession d’architectures. Les différences apparaissent dans le dessin des façades et dans les matériaux, enduit, brique, bois, zinc. Une attention spéciale a été apportée aux garde-corps dont la diversité créée un rythme supplémentaire. L’homogénéité de l’ensemble repose sur les gabarits et la présente de belles terrasses. Ces différences de traitement extérieur ne laissent pas apparaître le statut des immeubles. En effet sur les 241 logements, 107 ont été revendus en Vefa (vente futur d’achèvement) à des bailleurs sociaux : 57 à Efidis et 50 à Foncière logement ; les autres sont en accession à la propriété. La partie réhabilitée comporte dorénavant 31 logements, dont 14 en accession dans le bâtiment des anciens ateliers. Disposés entre cour et jardin, orientés nord et sud, composés de 2, 3 et 6 pièces, ils offrent de belles ouvertures mais ne sont pas tous à orientations multiples. La surface habitable est de 926,05 m² . Le petit bâtiment sur sa gauche, à R+1, abrite deux maisons de ville : des 5 pièces de 72 m² , en accession à la propriété. Les autres édifices anciens appartiennent désormais au bailleur social Efidis (ainsi que le bâtiment neuf à l’angle des rues Victor Hugo et de la Distillerie). Dans l’ancienne maison patronale ont été créés quatre logements, dont un 4 pièces aux 1er et 2e étages, et deux logements de 1 et 3 pièces au rez-de-chaussée, pour une surface habitable totale de 254,66 m² . Le dépôt de meubles abrite neuf logements pour une Shab de 533, 98 m² . Les appartements en rez-de-chaussée (surélevé), bénéficient de belles terrasses implantées sur les anciens quais de déchargement et protégés par la marquise. Tous les logements jouissent de belles hauteurs sous plafond de 2,65 à 3 mètres. Enfin, le bâtiment qui clôt l’ensemble sur la rue, coiffé de trois toitures différentes, abrite quatre logements sur deux niveaux (Shab: 315,54 m² ). Les logements Efidis, sont dotés de parquets dans les entrées et les séjours, et possèdent des chauffages individuels au gaz (les autres sont chauffés à l’électricité). Ils ont reçu la certification « Habitat et Environnement ». Le canal de l’Ourcq, dans sa partie pantinoise est devenu depuis quelques années un lieu très agréable. Equipements, bureaux, activités et logements s’égrènent le long de ses berges aménagées pour la promenade. Ce nouvel îlot participe à cette renaissance avec cette double qualité d’avoir créé une ouverture entre les quais et la ville et d’avoir mis en valeur un ancien site industriel remarquable.
Réhabilitation et reconversion d’un site industriel en logements ; construction de logements et de deux commerces et création de 2000 m² d’espaces verts publics. Au total 241 logements dont 107 logements sociaux et 134 en accession à la propriété.
Résidence la Manufacture
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