Une rue jardin
« Encombrée, Conviviale, Populaire, Difficile, Espagnole, Métissée, Dangereuse, Partagée »
Tels étaient les mots des habitants au sujet de la rue Kléber, en amont du projet.
PROPOSER
Ce projet de rue végétalisée, dans un quartier de Bordeaux proche de la gare Saint-Jean, s’est mis en place avec l’aide d’un jardinier professionnel, Julien Beauquel, qui a développé la compétence de jardinier-médiateur. Lui incombe le rôle de veiller au respect des principes de l’aménagement, d’accompagner les habitants dans le jardinage, de gérer la conception, la communication et l’animation du site. Il sert également d’intermédiaire-médiateur entre les services techniques, les associations de quartier et les habitants.
Friche & Cheap, mandaté par la ville de Bordeaux sur ce projet de revégétalisation de la rue Kléber, a proposé ce poste et cette posture, partant du principe que les habitants ont des savoirs individuels sur le jardinage, riches à partager. La volonté est donc de proposer un cadre favorisant une véritable appropriation de la rue par tous en jardinant ensemble.
Les principes d’aménagement de la rue :
-Intervenir dans une rue clé, colonne vertébrale du quartier
-Créer une rue apaisée et partagée : Dans la 3ème tranche des travaux de la rue, les fosses seront alternées pour créer un parcours sinueux visant à diminuer la vitesse des voitures… et à faire de la rue un espace de jeux pour les enfants.
-Traiter la question du stationnement
-Conserver l’âme de la rue
-S’approprier la rue : Des placettes invitent à vivre la rue. Il suffit d’une table improvisée et amovible qui se greffe l’été sur les bacs à fleurs.
Les pavés sur les trottoirs ne sont pas liés mais juste posés sur un lit de sable : cela génère un avantage écologique pour l’infiltration de l’eau dans le sol. Les fosses de jardinage ont été simplement obtenues en enlevant des pavés et sont directement connectées avec le sol. Il s’agit véritablement d’une expérimentation jardinée sur les trottoirs.
PLANTER
Deux sortes de plantation se côtoient :
-Les plantations « municipales » ; soit les plus gros sujets (arbres, arbustes et vivaces imposants)
-Les plantations « habitantes » avec une palette végétale « alliant esthétique et pérennité », composée notamment d’herbacées et de vivaces qui embellissent la rue périodiquement. Un parrainage de plantes par les habitants a été proposé.
Des plantes tel que consoude, rose trémière, kiwi, laurier cerise, tanaisie, hosta, heuchère, luzerne, renouées, chénopodes ponctuent ainsi la rue.
OBSERVER
Le credo ici est celui de Gilles Clément : « faire le plus possible avec et le moins possible contre ! »
Le petit groupe d’habitants qui se réunit régulièrement et le jardinier-médiateur sont sensibles et attentifs à l’écologie, la saisonnalité et à la durée de vie de la plante. Un travail d’observation, une initiation à l’herborisation avec un passionné de botanique du quartier pour partager les savoirs sont ainsi menés portés sur le déplacement des végétaux, les phénomènes de concurrence, les arrivées de plantes spontanées… et associés à l’entretien perpétuel.
La liberté est aussi donnée d’agir, notamment en s’autorisant à arracher des herbes, bonnes ou dites « mauvaises ». L’ambiance de ce jardin de rue évoque souvent le foisonnement : une esthétique mais également une astuce pour cacher le contenu (les tomates !) et éviter les dégradations.
ANALYSER
Au départ, beaucoup de gens venaient pour parler plutôt que pour jardiner. Un besoin de formalisation et d’engagement au jardinage, quelques difficultés inhérentes au chantier ont finalement conduit à la constitution d’un petit groupe stable de 4 habitants. Ce petit nombre peut s’expliquer par la situation géographique de la rue jardinée, à la fois dans un quartier résidentiel (donc les habitants possèdent des jardins privatifs) et dans un quartier avec une population étudiante en mouvement et une population en partie défavorisée.
Quelques aménagements ont permis d’améliorer le confort des jardiniers, comme les ganivelles autour des zones de plantations, ajoutées ultérieurement afin d’empêcher les voitures de s’y garer et de protéger les plantes et plantations. Ni local technique ni point d’eau ne se situent à proximité, ce qui apprend à jardiner léger et à ne pas gaspiller les ressources.
Discuter et se rencontrer ? N’est-ce pas là aussi une des fonctions d’un jardin public partagé ?
Quels seraient les mots aujourd’hui des habitants suite à cette expérience ?
Aménagement d’une rue-jardin longue de 500 m
Une rue jardin
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