En 1990, dans la préface intitulée « Saut quantique » de l’ouvrage présentant le projet d’Euralille, Rem Koolhaas écrit : « Dans le monde contemporain, les programmes deviennent abstraits en ce sens qu’ils ne sont désormais plus liés à un endroit ou à une ville spécifique : ils flottent et gravitent de manière opportuniste autour du lieu qui offre le maximum de connexions. » et encore «Tous ces faits décrivent une condition nouvelle à la fois locale et globale, tout aussi importante pour les “japonais” que pour les “lillois”. »

Expliquant le projet de Lille-Europe, ce texte laisse entendre que l’intervention était liée à la fois à la construction de l’Europe mais aussi et surtout à l’idée d’insérer ces lieux dans un réseau d’hyper-territoires connectés. OMA avait parfaitement intégré l’idée selon laquelle l’échelle d’un quartier qui se construit autour d’une gare puisse être augmentée, amplifiée, jusqu’à perdre totalement le lien formel avec la vieille ville.

Vingt-six ans après, ce projet urbain a totalement changé le visage de Lille.

 Le projet de la tour Euravenir occupe la dernière parcelle libre de la première phase du quartier d’Euralille, commencé en 1988 avec le projet d’OMA en association avec François Delhays.

Est-il possible de réaffirmer la ville à partir d’un projet d’architecture ?

Cette interrogation audacieuse a été le point de départ du travail de mise en forme. La position stratégique de la parcelle, située au carrefour de différents axes a orienté nos recherches vers une résolution sophistiquée qui ambitionne de se positionner comme une rotule, comme un point de suture pour unir l’ensemble des éléments qui gravitent autour. Une architecture “multiforme” qui puisse, par sa géométrie, apporter une réponse spécifique aux différentes problématiques liées à la fois à l’échelle, à la géographie et au programme du projet.

Par un jeu de prolongement et d’entrecroisement des axes à l’intérieur de la parcelle, l’extrusion initiale a été ciselée pour obtenir une sorte de petite tour. Parachevant l’avenue Le Corbusier, cet élément vertical forme aussi un immeuble d’angle pour la place Valladolid et un signal urbain lorsqu’on vient du périphérique en contrebas.

Grâce à cette architecture, un nouvel espace urbain est agencé, combinant privé et public, verticalité et horizontalité. La base du projet offre aux habitants et aux usagers des bureaux un espace public voué à la rencontre, destiné à une échelle humaine.En raison de l’interdiction de construire en limite de parcelle, une sorte de portique propose une porosité et offre une protection aux intempéries, un espace extérieur animé, où se rencontrent les usagers des bureaux, les passants, les clients des commerces.

Dans ce projet de bureaux où le programme est très flexible, c’est la forme qui est venue dicter l’usage et non l’inverse. Chaque étage est organisé autour d’un noyau central qui regroupe l’ensemble des espaces servants, et les circulations verticales. Les plateaux des bureaux ont été conçus de manière à permettre un aménagement flexible et rationnel et favoriser le fractionnement des plateaux en deux surfaces équivalentes.

 De plus, la géométrie facettée de la tour permet à la fois de dégager les vues et d’ouvrir l’ensemble du carrefour sur le fond arboré du cimetière au Nord.

Pour compléter cette démarche de mise en relation, les façades deviennent un ensemble de fenêtres tournant à 360° sur la ville : des cadrages qui donnent à la fois vers le nouveau, le végétal et le centre-ville.

 Matérialité des façades : trames et cuivre

L’enveloppe du bâtiment est conçue comme un dispositif de réinvention visuelle de la ville. Les façades se définissent par plusieurs dessins générés à la fois par l’orientation, par l’usage et par les besoins thermiques. Ainsi se juxtaposent des zones très vitrées, des parties en double peau, et différents systèmes d’habillage en cuivre plus ou moins poreux.

Le dessin des façades et des espaces du bâtiment est réglé sur une trame principale de 1,35 mètre, qui court sur toute la hauteur du bâtiment. Elle est matérialisée par un élément métallique en U sur lequel se fixent les différents éléments qui composent l’enveloppe.

Cette trame verticale est interrompue à trois reprises par des bandeaux, qui soulignent la composition horizontale du bâtiment et le couronnent au niveau de l’acrotère. Une trame secondaire, formée par les bandeaux et les trumeaux, ordonne le découpage des façades.

 Le cuivre est utilisé comme un bardage fixe, dans les parties de façade opaques ou semi vitrées. On le retrouve également sous forme de panneaux perforés, qui permettent de régler finement, suivant l’orientation, la pénétration de la lumière.

© LAN

Circuit AMO 2014 Prix SMABTP catégorie «immobilier d’entreprise» aux pyramides d’argent Nord Pas-De Calais

Programme

Construction d’un immeuble de bureaux et commerces

Maître(s) d'ouvrage(s)
Types de réalisation
Année de réalisation
2014
Surface(s)
3 486 m²
Coûts
5 900 000 € HT
Crédit photos
© Julien Lanoo
Réalisation mise à jour
septembre 2022
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